Août 2006   (updated Mar. 2012)
La violence à l‘école: le cas d’un village au Togo  (trouvé dans le web par Michael Tapir)
(auteur Comi-M. Toulabor, publié 1982, à lire l'article complet en fichier.pdf).
L'extrait suivant est le chapitre:
Les châtiments corporels avec coups
En tête du premier groupe se trouve la fessée (egbimepopo). Elle est une pratique courante dans l’établissement fréquenté, et prend parfois des formes dramatiques. Tout, à l'école, peutdonner lieu à la fessée. Cependant, la dictée (l’orthographe) est la discipline où elle intervient le plus souvent. Avant une séance de dictée, l’enseignant pose son barème: à tel nombre de fautes, tel nombres de coups. La dictée préparée qui se fait le vendredi après-midi, est l’épreuve (combien redoutable!) la mieux cotée à la bourse des coups et fessées. Parce que le texte est lu et décortiqué, les mots rebutants aplanis, la complexité des accords grammaticaux démêlée,l'élève est censé ne plus faire des fautes. Aussi l’instituteur, en tenue symbolique pour l’occasion, n’hésite-t-il pas à fixer haut le barème: à une faute, je m’en souviens, correspondent en général quatre coups. Il n’est pas rare de voir un élève rivaliser avec ce barème élevé en réalisant l’exploit de ramasser plus de vingt fautes.
Michel A., élève de CM 1, battit le record de vingt-cinq fautes. Il reçut le lundi suivant les cent coupsde fessée, répartis en deux temps: 50 le matin, 50 l'après-midi. Maintenu couché à plat ventre sur une table par quatre solides costauds de la classe qui lui paralysent les membres, dépouillé de force de ses vêtements qui pourraient amortir le chocdes coups, Michel but son supplice jusqu’au bout. Les dictées contrôlées, qui ont lieu le mardi après-midi et dont le barème des coups est moins élevé, mais où les élèves collectent autant de fautes, sinon plus, qu’en dictée préparée, sont sanctionnées de la même façon. Les filles, lorsqu’elles ne sont pas dans les bonnes grâces de l'enseignant, sont logées à la même enseigne que les garçons. Il arrive même que des élèves craintifs et se débattant beaucoup, soient ligotés avant de recevoir ces fessées pharaoniques.
Un autre châtiment que prisent les enseignants de cette école est ce que les élèves appellent "agbovia", qui consiste à rouer l'individu de coups. Contrairement à la fessée dont les coups sont portés en général verticalement sur le postérieur, dans "l’agbovia", les coups visent principalement le haut du corps (la cage thoracique) et sont donnés horizontalement. Il est utilisé à cet effet un arbuste ligneux (atiteti) qui a la propriété d’être particulièrement flexible et résistant. Comme une lanière, il s’enroule autour du corps, labourant la chair et y creusant de profonds sillons. Maître A., surnommé "Tsitsavi" (Petit-maître), aujourd’hui décédé, âgé à l’époque de soixante-dix ans, polissait les angles de ses jeunes élèves de garderie par ce châtiment. Certains jeunes du village portent encore les stigmates de cette époque douloureuse. L’anatomie des filles ne s’y prêtant pas, ce châtiment semble être réservé aux garçons.
La paume de la main, le bout des ongles, le crâne, la joue, respectivement sanctionnés par le bâton (alomepopo), la règle, le poing (kontututamé), la main ouverte (tomepopo), sont sollicités pour des délits mineurs (omission d’un accent, reprise d’un mot en lisant, etc.) ou pour compléter d’autres châtiments. Ils consistent, dirai-je, les hors-d’oeuvre ou les desserts par rapport au plat de résistance de la fessée.
 
Comment d'Oldtapir:
Je pense c'est très méchant punir les enfants si ils peuvent pas réussir bien à l'école. Aujourd'hui nous savons que ça va jamais ameliorer leur résultat, mais au contraire ils vont être intimidées. Un résultat mauvais, même s'il-y-a tous efforts bienvolées, devrait être traité psychologiquement et jamais par coups. Mais pour la éducation en general, comme être désordonné, sale, mentir, lutter avec des copins ou se mettre en retard, j'accepte bien la punition corporelle sans cruauté. Malheureusement aujourd'hui c'est strictement interdit, et même les parents "modernes" n'osent pas prendre des mesures comme-ça contre leurs enfants.
 
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Violence in schools: the case of a village in Togo (published 1982 by Comi-M. Toulabor)
The following extract is the chapter: Corporal punishments with blows
In the first group spanking is lesding (egbimepopo). It is a current practice in the attended establishment, and takes sometimes dramatic forms. Every mistake or offence at school can result in a spanking. However, the dictation (orthography) is the discipline where it most often arrives. Before a meeting of dictation, the teacher poses his scale: with such number of faults, such numbers of blows. The prepared dictation which is made Friday afternoon, is the best hated place of trading the number of punishments to come. After the text is read and analysed, the unknown words explained, and the gramar cleared, the pupil is supposed not to make faults more. Also the teacher, in expectation of the occasion, does not hesitate to fix the scale high: one fault caused in general four blows. It is not rare to see a pupil reaching more than twenty faults on this scale. Michel A., pupil CM 1, beat the record of twenty-five faults. He accepted on following Monday the hundred blows of smacking, divided into two times: 50 in the morning, 50 in the afternoon. He had to strip off his clothes then lie flat belly on a table held by four strong classmates which made it impossible for him to move until his beating was over. The controlled dictations, which take place Tuesday afternoon and whose scale of blows is lower, but where the pupils collect as many faults, if not more than in prepared dictation, are sanctioned in the same way. The girls, when they are not in the good graces of the teacher, are treated with same severeness as the boys. It also occurs that pupils who are fidgeting and struggling too much, are bound before receiving these Pharaonic smackings.
Another punishment that teachers of this school adminiter is what the pupils call "agbovia". Contrary to the smacking whose blows are in general given vertically to the posterior, in the "agbovia", the blows aim mainly to the top of the body (the rib cage) and are given horizontally. For this purpose a wooden switch (atiteti) is used with the property to be particularly flexible and resistant. Like a thin strap, it is rolled up around the body, plowing the flesh and digging deep furrows there. Master A., called "Tsitsavi" (Dandy), deceased today, at that time seventy years old, used to polishthe angles of his young pupils by this punishment. Some young people of the village still carry the marks of this painful time. As the anatomy of the girls was not so suitable for it, this punishment seems to be reserved to the boys.
The palm of the hand, the end of the nails, the cranium, the cheek -, every part of the body was hit adequately either by the stick (alomepopo), the ruler, the fist (kontututamé), the open hand (tomepopo). These methods were for minor offences (omission of an accent, resumption of a word while reading, etc) or to supplement other punishments. They are, I will say, the hors-d'oeuvres or the desserts compared to the menu of spanking varieties.
Comment by Oldtapir:   I think it is very malicious to punish children if they cannot succeed well at the school. Today we know that this will never improve their results, but on the contrary they will be intimidated. A bad result, despite all good-willing efforts, should be treated psychologically and never by blows. But for education in general, like being disobedient, lying, fighting with comrades or being lazy, I agree to corporal punishment without cruelty. Unfortunately today it is strictly prohibited, and parents do not dare to take measures like that against their children.