Avril 2010
Croupes Africaines énormes
(un rapport de fond de www.afrik.com  par Aurore Assombri)
Le cube Maggi, pour des fesses rondes et sexy?
En RDC, des femmes utilisent le concentré d'aromates comme suppositoire pour arrondir leur postérieur
Certaines femmes de République Démocratique du Congo se servent du cube Maggi par voie anale pour arrondir leur croupe, que les hommes préfèrent dodue. La pratique n'est pas sans risque pour la santé.
La chanson "Ntaba ya Bandundu" devient doucement un tube en République Démocratique du Congo. Cette rumba de Shiko Mawatu, plus connu comme parolier, traite dans ses grandes largeurs de l'infidélité d'une femme. Mais l'introduction du morceau évoque un sujet tabou. "T'en as déjà mis huit sur les dix qu'il y avait à la cuisine, lance en substance le morceau en lingala. Laisse les deux autres pour assaisonner les haricots." Hélène se plaint en effet que son amie ait dilapidé le stock de cubes Maggi pour rester au top de sa forme fessière.
Cube Maggic?
Certaines introduisent en effet ce concentré d'aromates par voie anale pour avoir le postérieur généreux dont une majorité de Congolais raffolent. Elles l'utilisent dans sa forme brute comme suppositoire ou le liquéfient afin de l'introduire plus facilement par le biais d'une seringue. "Les femmes se disent que comme le cube Maggi est plein d'élément nutritifs, si on le place à cet endroit, seules les fesses prendront de la masse", résume Kerwin Mayizo, chroniqueur radio sur RFI et France Inter.
Le spécialiste musical souligne que de grands artistes du pays demandent à leurs danseuses d'utiliser le "cube". Il se remémore des scènes qu'il a vues, des informations qu'on lui a fournies et dresse un emploi du temps type des filles: "Elles restent dans une villa où, le matin, un chorégraphe les fait danser. Vers 10h, elles voient leur conseiller en esthétique qui leur donne des lotions et des produits décapants. Après, on s'arrange pour qu'elles fassent au moins trois repas copieux et très gras. Le soir, le médecin du coin vient avec du Durabolin. Comme au final sur dix filles on n'en garde que cinq, certaines demandent à ce qu'on leur amène du cube Maggi pour mettre toutes les chances de leur côté".
Les résultats de cette pratique sont mitigés. Chez certaines, le subterfuge fonctionne et les filles ne se privent pas de parader fièrement. A tel point que celles qui sont naturellement dotées d'un petit popotin n'hésitent pas à soulever la thèse du cube Maggi auprès de leur petit ami, quand ce dernier louche de trop près sur la croupe d'une rivale potentielle. Une façon de vanter le naturel et de dénigrer une "tricheuse" présumée.
Belle à mourir
D'autres utilisatrices n'y ont pas trouvé leur compte, à l'image d'Antoinette (nom a été changé). "Mes fesses ne s'élargissaient pas. Tout allait dans mes hanches et mes fesses n'étaient pas si rebondies", se désole cette jeune femme de 24 ans. Du coup, elle a abandonné cette mode. Une mode qui peut se révéler dangereuse pour la santé. De nombreuses femmes ont développé des infections, notamment à cause des épices contenues dans le cube Maggi. Les moins chanceuses ont succombé. Des cas tragiques dont les medias se sont fait l'écho.
Devant la menace sanitaire, des campagnes de sensibilisation ont été menées. Les dangers sont de plus en plus clairs, surtout dans l'esprit des filles scolarisées. Mais la tentation subsiste chez les plus minces, même instruites. Elles savent que leur silhouette frêle n'est pas un gage de beauté et que, pire, elle peut les faire passer pour des séropositives.
Rondeurs à tout prix: Les Congolaises cherchent à grossir pour séduire  (par Octave Kambale Juakali à www.afrik.com)
Critère de beauté sur les podiums internationaux de la beauté, la taille fine ne fait plus recette en République démocratique du Congo. Les jeunes Congolaises se préfèrent plutôt bien en chair pour attirer l'attention des mâles. Ce qui les pousse à user de tous les stratagèmes pour répondre aux critères esthétiques. Souvent au détriment de leur santé, hélas.
Il ne fait pas bon être mince, pour les femmes, en cette période de pandémie du sida, en République démocratique du Congo (RDC). On passe trop facilement pour une sidéenne et ce n'est pasagréable dans une société dont les canons de la beauté féminine sont à l'opposé de ceux de l'esthétisme occidental. Les Congolais aiment les formes généreuses. Aussi les femmes se dépensent-elles pour éviter d'être minces ou à l'inverse trop obèses. Interrogées à ce sujet, beaucoup d'entre elles affirment effectivement tenir de la bouche des hommes qu'ils préfèrent les femmes aux hanches arrondies.
Il est vrai qu'une femme à la taille mannequin n'est pas celle qui attire plus les hommes congolais. Nous le remarquons dans la rue et sur les terrasses des débits de boissons. "Une femme mince passe pratiquement inaperçue tandis que celle aux hanches généreuses provoque des commentaires admiratifs chez les hommes", explique Christine Tshamala, vendeuse dans un magasin d'habillement. Beaucoup de femmes visitent sa boutique. Pour mieux les servir, elle a installé des miroirs géants où les clientes peuvent, à loisir, s'admirer sous toutes les formes. "Elles sont désespérées quand l'habit qu'elles essaient ne fait pas ressortir leurs formes, les seins et les hanches", confie-t-elle.
La danse ndombolo au banc des accusés   Le phénomène est assez récent et se trouve exacerbé par l’accoutrement des vedettes de la danse congolaise moderne. Qualifiées d’obscènes dans certains milieux culturels, les danses actuelles - à l’origine des danses folkloriques - mettent particulièrement en exergue les mouvements des hanches. Telle le célèbre ndombolo qui, à certains égards, se rapproche du mapouka ivoirien que beaucoup de télévisions africaines hésitent à programmer dans leurs grilles. Le fait que ces danses occupent la majeure partie des programmes de divertissement sur toutes les chaînes de télévision de Kinshasa incite les jeunes congolaises à imiter les danseuses, notamment dans leur accoutrement.
"C’est en fait le pantalon trop collant des danseusesqui donne cette impression d’obscénité chez certaines personnes. Mais le ndombolo est une expression corporelle culturelle très normale dans la province de Bandundu, explique Stephane Kwimi, enseignant. Généralement, les danseuses traditionnelles portent les pagnes et personnes ne trouve à redire. A Kinshasa, la mode est aux habits pour le moins près du corps. A la grande déception des mères de familles.
Produits vétérinaires   Cela devient de plus en plus un véritable drame chez les jeunes femmes congolaises que d’avoir une taille fine. L’obsession de grossir à tout prix a amené bon nombre d’entre elles à recourir à des produits hormonaux pharmaceutiques dont le Durabolin, un produit vétérinaire pour engraisser le bétail avant l’abattage. Toutes les femmes interrogées affirment ne jamais avoir utilisé ce produit prodigieux, mais toutes sont unanimes pour dire que la pratique est courante chez les femmes à Kinshasa. "Il existe également des vitamines spéciales", explique Clarisse. "C’est un processus compliqué. Mais moi je n’ai pas de raisons de m’inquiéter à ce sujet car je suis déjà suffisamment grosse".
Certains hommes ont confirmé se trouver dans lacatégorie de ceux qui n’aiment pas les femmes minces. Pour José Mpoyi, homme d’affaires, c’est mental: "On ne sait pas à quoi on s’engage avec une femme mince. Le sida a fait tellement de ravages et nous avons vu beaucoup de nos copains mourir de cette maladie". José fait partie de ces Congolais qui ne comprennent pas pourquoi les Congolaises se prêtent au concours de beauté, version occidentale. "A mon avis, on devrait organiser deux sortes de concours de beauté. L’un pour les expatriés et l’autre pour le public congolais".
Dangereux pour la santé   Cependant, toute règle ayant toujours une exception, il y a aussi de ces hommes congolais qui les préfàrent minces et sveltes. Le seul ennui, disent-il, c’est qu’ils doivent se les disputer avec les expatriés. En effet, il n’est pas rare de voir des Congolaises aux allures de top-models, fréquenter plutôt les boîtes de nuits du centre de la ville. Peut-être, les seuls endroits où elles peuvent trouver pointures à leur pied.
Si le Durabolin fait les choux gras des pharmaciens, il y a beaucoup de risques qu’il fasse le malheur des utilisatrices. Le Dr Mujinga dit ne pas savoir exactement quels genres d’ennuis elles encourent mais craint fortement que le produit n’agisse négativement sur l’équilibre hormonal de la femme. Il est par contre curieux que les services publics ne réagissent encore pas contre l’usage de ce produit qui, à tout considérer, n’est pas destiné à la consommation humaine.
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